Aujourd’hui c’est le 1er novembre 2015.
… le jour de la Toussaint: la fête de tous les saints, connus ou inconnus. C’est aussi la période où je me rappelle des personnes proches qui ne sont plus à mes côtés. J’ai appris que ce sont deux fêtes différentes. Pour moi c’est pareil: la Toussaint représente la commémoration de personnes qui ont compté dans ma vie, qui me manquent et qui ont marqué ma vie.
Avez-vous déjà été confronté à la mort d’un proche ? Un grand-parent, un collègue, un bébé en devenir ? Avez-vous des proches qui ont vécu une perte d’un être cher ? Comment surmonter cette épreuve, la transformer ? Comment aider nos proches lors de ces périodes douloureuses ? Comment réagir face au deuil ?
Voici quelques pistes de réflexions sur la manière de réagir face au deuil d’un proche, ou adapter notre réaction lorsque l’épreuve de la mort affecte un de nos proches.
La mort, cette certitude que nous allons tous rencontrer à un moment donné. Mais dois-t-elle forcément être douloureuse?
Récemment j’ai eu écho autour de moi de morts tragiques; et j’ai pensé à ces personnes proches qui ont quitté ma vie. Si au départ le deuil est une blessure ouverte qui fait mal, elle peut devenir par la suite une manière de nous rappeler que nous sommes sur cette Terre pour une brève période, nous mais aussi une manière de se rappeler de manière positive des personnes qui nous ont marqué.
J’aime la reprise de Louane Emera de ce cette chanson de Michel Sardou, qui dit « j’aimerai que sur la Terre mes bons copains m’enterrent en chantant (…) La mort c’est bien plus marrant, moins désespérant en chantant »
« Faire la fête à mon enterrement ». Plus facile à dire qu’à faire. Mais après tout, n’est ce pas logique ? Ce qui se meurt fait forcément place au renouveau. Comme les jolis couleurs d’Automne, des feuilles vertes qui jaunissent ou brunissent pour mourir le temps de l’Hiver et se renouveller au Printemps. C’est bien joli ces paroles, mais en pratique comment peut-on faire ?
Une de mes grands mères (j’ai de la chance, j’en ai connu 3! l’avantage des familles recomposées), ma « Bonne Maman » est toujours avec moi dans mes pensées même plus de 10 ans après sa mort. Après sa mort, il m’était douloureux de penser à elle: son absence me faisait mal, mais petit à petit, en étant fatiguée d’être triste, je me suis remémorée les moments agréables avec elle. Aujourd’hui encore, ces souvenirs sont encore bien présents; je pense à elle quand je vois des pastilles de Vichy, quand je vois une de ses bagues dans la vitrine d’un bijoutier, quand je mange (rarement) une salade de pêches (les siennes étaient incroyables) ou quand je perds un objet -même si aujourd’hui j’utilise mon intuition (elle nous faisait prier Saint Antoine de Padoue).
Finalement, ce qui a pu être une plaie ouverte face à cette situation c’est la culpabilité : celle de ne pas avoir pu assister à son enterrement, de ne pas pu lui avoir dit au revoir tout de suite après son départ. Heureusement, la vie est bien faite et j’ai pu lui dire au revoir à un autre moment.
Gérer sa propre blessure face à la mort: ok. Mais comment réagir lorsque c’est une personne proche qui souffre ? Comment réagir face au deuil de l’autre ?
Que ce soit la perte d’un collègue ou d’un bébé en formation, ces drames sont encore plus douloureux (je pense) que la perte d’un grand parent qui a « fini sa vie ». Finalement nous sommes tous d’accord pour vivre, et donc mourir, mais pas à 2 mois, 20 ans ou 40 ans. Et pourtant. Cela arrive quand même.
«Mourir est déménager dans une maison plus belle. C’est tout simplement abandonner son corps physique de même que le papillon sort de son cocon.» – Elizabeth Kübler-Ross
A un moment de ma vie, j’ai eu une peur pathologique de mourir, et j’ai rencontré sur mon chemin ce livre: La Mort est un nouveau soleil, d’Elisabeth Kübler-Ross. Un peu à la manière de Laurent Gounelle (L’homme qui voulait être heureux, le philosophe qui n’était pas sage, etc..) ce livre m’a fait voir que la mort c’est un renouveau. Un renouveau qui fait partie de la vie, de la nature.
Tous les deuils sont différents mais il me semble que ces morts là ont un point en commun: le choc de l’inattendu et de l’inconcevable. Il serait donc (à mon avis), bien facile d’essayer de « cacher » cette peine. Des proches ont récemment vécu des drames, l’approche que je pratique c’est: l’écoute et l’acceptation.
- Ecouter sans jugement: « elle/il a bien vécu » ou « toi tu es en vie, profites-en » et être attentive aux besoins de l’autre: a t-‘il besoin de parler, de ne pas en parler, respecter son temps de deuil, etc..
- Accepter que je ne peux pas effacer d’un coup de baguette magique la douleur de l’autre, même si c’est évidemment l’objectif ultime: surmonter cette blessure et la transformer en une expérience « positive ».
- Trouver des moyens de faire vivre le souvenir positif de la personne défunte : si à l’époque une amie m’avait offert le flacon de parfum de ma chère Bonne Maman (non pas sa bague 😉 ), et le livre sur d’Elizabeth Kübler-Ross, je pense que cela aurait réchauffé mon coeur et m’aurait fait accepter la réalité de cette situation, sans pour autant renoncer à la/ma vie.
La prochaine fois que j’aurai à réagir face à un deuil (de mon expérience ou de l’expérience d’un proche) je tenterai donc de me rappeler:
- D’accepter la douleur et de la laisser s’exprimer (tristesse, colère, etc…)
- De se faire accompagner par un professionnel si besoin (psy, infirmière, etc..)
- De trouver des moyens de se faire du bien: repos, soins, souvenirs positifs liés à la personne
- L’importance de l’écoute de mes besoins et de ceux de l’autre
Et vous, comment réagissez vous face au deuil, quel conseils donneriez-vous à une personne proche qui a vécu un deuil ?
- Pauline : l’hypnothérapie
- Sab: transmettre à la génération future les anecdotes de la personne disparue
- Sab: accepter que chacun à un rythme différent de gestion du deuil
Si vous pensez que cette réflexion peut aider un proche alors partagez cet article.
Photos: Cpauvergne, Greg Rakozy
8 commentaires
Très belles paroles sur un sujet dont on parle pas assez – merci Béré!
Merci Hiba ! Pas évident comme sujet en effet 🙂 j’espère que ce genre d’article peut aider à être plus confortable avec ce sujet , en tout cas de l’aborder (et non l’éviter).
Bel article en cette journée à l’ambiance un peu triste… Et quel sujet délicat !
Pour ma part, je trouve très difficile d’accompagner un proche touché par le deuil. Peut être que mon « manque d’expérience » en la matière y est pour quelque chose… J’ai du mal à trouver les mots, j’aimerai avoir la « solution magique » pour le réconforter mais en même temps, je me doute que le processus est long et que chaque étape est nécessaire.
Tes conseils sont très justes et j’y penserai la prochaine fois que je serai confrontée à la mort. Comme toi, l’écoute me semble primordiale. Et je ne connais pas ce livre mais je l’ajoute à ma liste de livres à découvrir…
Et en ce qui concerne l’aide que peut nous apporter un professionnel, j’ajouterai l’hypnothérapie, qui m’a beaucoup aidée pour d’autres sujets mais qui peut être aussi très utile pour être accompagné dans un deuil.
Bravo pour cet article !
Merci pour ton commentaire Pauline ! Contente que tu l’apprécies 🙂 Oui c’est l’éccueil je pense : on essaye de cacher ou de transformer la douleur en émotion positive – alors qu’elle est nécessaire (pour ma part) pour cicatriser.
Merci pour ton retour sur l’hypnotherapie !
Article surprenant, en raison du theme, mais enrichissant. Personellenent, je crois effectivement qu il faut accepter de laisser du temps au temps. Un temps pour la douleur tellement importante d avoir perdu quelqu un qui etait si important pour soi puis le temps ou l on repense un sourire aux levres aux merveilleux moments passes ensembles et aux moments que l on aurait pu avoir ensembles aussi. Pas de recettes miracles et chacun reagit a sa maniere. ! Je dis souvent a mon Fils: Grand mere colette est la dans mon coeur et aussi dans le tiens a travers toutes les anecdotes que je te raconte et qui nous font rires.
Merci Sab – je suis 100% d’accord avec toi : Jai enrichi l’article avec ta réflexion. Merci de ta lecture et de ton commentaire !
J’ai souvent pu offrir mon soutien aux personnes de mon entourage dans le deuil. Il est très important de s’autoriser à pleurer, car dans ce genre de moment, les mots ne suffisent pas ou ne peuvent sortir. Si on garde pour et sur soi ce poids de tristesse, le deuil ne pourra pas être fait et nous ne pourrons plus voir la beauté de la Vie de tous les jours.
J’ai perdu une personne très proche de ma famille, qui était encore jeune et pleine de Vie malgré tout. Elle a eu un cancer du sein, ablation et elle l’avait vaincu. Puis ce dernier à récidivé, parce qu’elle voulait justement rester forte en tout point… Elle n’a plus voulu se battre, elle a attendu la fin des fêtes, et elle s’est suicidée. Au début je culpabilisais un peu, parce que j’avais vu dans son regard qu’elle arrêterait. Mes mots n’ont pas pu la toucher car elle s’était forgé un bouclier… Et au final, je me suis dit qu’elle avait mérité ce repos. Pas seulement pour ce fichu cancer, mais pour toute ce qu’elle a fait dans cette Vie. Quelque part, elle a enfin pu penser à elle-même à ce moment-là. A son enterrement, j’étais triste mais je la sentais présente, et je savais qu’elle aimerait qu’on « fête » sa mort plutôt qu’être triste. Comme elle le disait si bien, « vive la Vie! »
Et puis, les êtres que nous perdons continuent d’exister à travers nos souvenirs, et lorsque je regarde les étoiles, je me dis que c’est eux qui veillent sur nous.
Il arrive même que ces êtres veuillent nous adresser un dernier message, et lorsque nous sommes recroquevillés vers nous-mêmes, nous ne pouvons le « percevoir ». La Vie, c’est aussi la Mort, l’un ne va pas sans l’autre et si j’ai appris à si bien l’accepter c’est parce que de manière générale j’ai vu beaucoup de personnes entrer et sortir de mon existence, et même si c’est là le cours des choses, j’y suis toujours restée sensible 🙂
Merci Angy, magnifique témoignage. Rester au plus près des étoiles et se faire guider par elles 🙂 et puis, s’autoriser la colère , la peine pour ensuite cicatriser et comme tu le dis, accepter.