J’ai longtemps eu cette croyance limitante que d’avoir une passion à laquelle se dévouer était LE saint Graal pour arriver au bonheur intérieur. « C’est ridicule » vous me direz. Oui j’en conviens. Mais jusqu’à l’aube de mes 30 ans j’y croyais dur comme fer.
Pendant presque 30 ans je pensais que j’étais « vide » et « sans intérêt » (oui oui j’étais très dure avec moi même) de ne pas avoir ce quelque chose pour lequel je pourrais passer tout mon temps, sans y voir de contraintes.
Je choisissais de voir comme un exemple in-atteignable ces personnes qui, comme mes parents ou mon mari, ont une passion. Comprenez par là une activité pour laquelle ils n’ont pas l’impression de travailler, que ce soit pour un job ou un loisir : pour mes parents c’était leur activité professionnelle, pour mon mari le jardinage.
- Pour moi, à chaque nouvelle activité entamée, à chaque nouveau job, après quelques temps, je ressentais à nouveau ce vide de sens : oui j’aimais cette activité mais cela ne durait pas. Je m’en lassais et me forçait à rester jusqu’à ce que je n’en puisse plus.
Alors j’ai cherché l’activité qui me procurerait ce « virus de la passion ».
Danse classique, gymnastique, tennis, équitation, tae kwon do, salsa, plongée, fitness, course à pied, sophrologie, marche, dessin, … ont fait partie de mes découvertes.
- A chaque fois une nouvelle envie pour laquelle laisser l’ancien était compliqué à justifier (surtout dans le cas où il y avait un investissement financer important).
Et puis j’ai compris. J’ai compris que j’avais à la fois peur de réussir, peur d’échouer et que j’avais le droit de changer d’avis ! Qu’un métier ou une activité pouvait changer et que la passion n’était pas un but en soi. Que l’on pouvait aussi se nourrir de la diversité des émotions, des expériences. Que la vie ce sont des tests que l’on se donne de vivre. Et des valeurs à mettre en action !
Que tous les tests nous apportent une expérience de plus pour se connaître. Que certains tests font peur, et qu’ils sont tous « concluants », même quand arrête une expérience « trop tôt » au goût des autres.
- Par exemple, j’ai adoré faire de la gymnastique mais le moment est arrivé où le club « demandait » de faire de la compétition, et cela allait me demander beaucoup plus de temps les week-ends, des déplacements, du stress d’atteindre un certain niveau. Etre la première n’est pas motivant pour moi, ce qui l’est en revanche c’est le courage lié à l’accomplissement d’une tâche, sans violence, avec écoute. Quand j’ai arrêté le tennis j’ai entendu des phrases culpabilisantes comme « c’est parce que tu n’aimes pas courir après la balle ». Quand j’ai démissionné parce que mes valeurs rentraient en contradiction avec les miennes, sans avoir d’autres plan de secours, j’ai eu des reproches « mais pourquoi tu as fais ça ? ». Etc etc…
C’est une évidence pour certains et tant mieux. Quand j’ai réalisé que je pouvais créer mes loisirs et mon métier selon mes valeurs et mes besoins; et que la peur faisait partie du processus ; je me suis sentie plus libre et responsable.
La peur c’est le moyen de me poser pour me dire :
- de quoi te protèges-tu ? Et cela m’est très utile puisque cela me pose la question « qu’est ce qui est important pour moi? », « quel est le risque / bénéfice ? ».
- Et finalement : « est ce que je peux rester dans cet état ? ». La plupart du temps la réponse c’est non et la peur, qui reste un moment, fini par perdre de son intensité. Merci Hiba 🙂
Persévérer assez pour se dire qu’on aura pas de regrets. Y mettre l’attention, la conscience de ce que je risque versus ce dont j’ai besoin. Et toujours cette question : est-ce que je choisi de continuer à être dans cet état ?
Il y aura toujours des freins, des angoisses, des questions qui manquent de chambouler l’idée, l’envie initiale.
- Gagner de l’argent ou s’épanouir ? Et si l’argent bloque, comment le débloquer ? Faire des loisirs pour atteindre un niveau ou une satisfaction de faire bouger son corps et qui nous procure de la joie ?
Cette nécessité de tester et de créer sa réalité je le constate aussi dans les nouveaux métiers.
- Les rédacteurs deviennent des gestionnaires de communauté (community manager),
- les développeurs web assemblent des qualités de designers et de stratégie marketing,
- les salariés développent des activités annexes professionnalisantes pour peu à peu sortir de leur « boite », etc…
Le tout se mélange et c’est pour moi cette saveur qui est intéressante. Plus de boite ou de cadre dans lesquels y mettre des gens (et moi!). La possibilité de naviguer d’une activité à l’autre. Et puis la passion, c’est quoi ?
Selon Larousse la définition de la passion c’est :
- État affectif intense et irraisonné qui domine quelqu’un (surtout pluriel) : Vaincre ses passions.
- Mouvement affectif très vif qui s’empare de quelqu’un en lui faisant prendre parti violemment pour ou contre quelque chose, quelqu’un : Juger sans passion.
- Amour considéré comme une inclination irrésistible et violente : Un film où la passion est dominante.
- Penchant vif et persistant : Avoir, être pris par la passion du jeu.
- Ce qui est l’objet de ce penchant : L’histoire, c’est sa passion.
- Dans la philosophie scolastique et classique, ce qui est subi par quelqu’un ou quelque chose, ce à quoi il est lié ou par quoi il est asservi, par opposition à l’action.
Faire des choix en accord avec son intuition et ses besoins, identifier les valeurs qui donnent de l’énergie de celles qui « plombent »; c’est pour moi réussir sa vie. Et sans test, impossible de savoir vraiment.
Et vous ?
- Pensez-vous que la passion est nécessaire dans ses choix professionnels et de loisirs ?
- Avez-vous des moments où vous avez peur de tester ? Avez-vous identifié des valeurs supports ?
- Passez-vous outre ou choisissez vous des expériences différentes ? Au plaisir de vous lire !
3 commentaires
J’ai lu ce post avec attention. Il y a des choses sur lesquelles je ne suis pas tout à fait d’accord et que je nuancerais un peu.
En effet, je ne pense pas qu’avoir une ou des passion.s soit le « Graal » mais cela permet d’avoir des environnements différents du travail, de s’évader, de se sentir bien… c’est un peu ce que tu fais avec ton blog, non ? Cela n’empêche pas, bien sûr, d’essayer plusieurs activités pour savoir si une nous correspondrait plus qu’une autre. À mon sens, on peut (on doit ?) avoir des passions car c’est aussi cela qui joue sur notre personnalité, qui nous construit et qui fait que l’on est ce que l’on est. Je pourrais en citer plusieurs : l’écriture, le théâtre, la musique, les voyages, l’Histoire, le football, le hockey sur glace, le numérique…
Les deux premiers de cette liste non exhaustive me permettent également de m’accepter tel que je suis, et non pas comme on voudrait que je sois parfois.
Ce n’est pas quelque chose d’inné et d’évident. Je pense que l’acceptation de ce que l’on est, comme l’apprentissage, dure toute une vie.
Oui en fait ce que tu dis me permet de constater la puissance + le caractère unique de ce que je met derrière le mot « passion ». Passion comme : y penser tout le temps, prendre plaisir à chaque instants, et passion comme : tu ne peux avoir que quelques passions dans la vie. Voire une seule pour que le mot passion prenne son sens. Or je me rend compte à ton commentaire qu’en effet on peut avoir une *passion* de type loisirs, et qu’on peut aussi les varier. Et plus que l’acceptation de soi, c’est le détachement du regard ou attentes des autres qui me permet d’être aujourd’hui à l’aise avec le fait que selon le jugement de certaines personnes « j’ai démultiplié les loisirs sportifs ou les expériences pro ». Elles ne font de moi qu’une personne plus proche d’elle même 😉 Merci encore pour ton commentaire !
C’est ça que je trouve « magique » avec l’écriture, c’est que les interprétations et les ressentis peuvent être tellement variés d’une personne à l’autre !
Après ce n’est qu’un avis parmi tant d’autres ! Mais je suis content si ça peut orienter la réflexion d’une manière différente 😉
Je t’en prie, c’est avec grand plaisir ! Merci à toi !